TITRES des journaux : « La plus grande déception du siècle », « La ville ensevelie n’était qu’un fantôme », « Des milliards engloutis pour un mirage ».
Une interview télévisée de Rochefoux mit les choses au point. Il expliqua que l’énorme pression subie pendant des millénaires avait dissocié les corps les plus durs jusqu’en leurs molécules. Mais la glace maintenait dans leur forme primitive la poussière impalpable qu’ils étaient devenus. En fondant, elle les libérait et l’eau les dissociait et les emportait.
— Nous allons adopter une nouvelle technique, ajouta Rochefoux. Nous découperons la glace avec les objets qu’elle contient. Nous ne renonçons pas à découvrir les secrets de cette civilisation qui nous vient de la nuit des temps. L’émetteur d’ultra-sons continue à émettre son signal. Nous continuons à descendre vers lui... .
A 978 mètres au-dessous de la surface de la glace, le Puits atteignit le sol du continent. Le signal venait du sous-sol.
Après s’être enfoncé dans la glace, le Puits s’enfonça dans la terre, puis dans la roche. Tout de suite, celle-ci apparut très dure, vitrifiée, comme cuite et comprimée, et elle alla se durcissant de plus en plus. Bientôt, sa consistance déconcerta les géologues. Elle présentait une dureté, une compacité inconnues sur tous les autres points du globe. C’était une sorte de granit, mais les molécules qui le composaient semblaient avoir été « ordonnées » et rangées pour occuper le minimum de place et offrir une cohésion maximum. Après avoir brisé une quantité d’outils mécaniques, on vint enfin à bout de la roche, et à 107 mètres au-dessous de la glace, on déboucha dans du sable. Ce sable était une inconvenance géologique. Il n’aurait pas dû se trouver là. Rochefoux, toujours optimiste, en déduisit qu’il y avait donc été apporté. C’était la preuve qu’on était sur la bonne voie.
Le signal continuait d’appeler, toujours plus bas. Il fallait continuer la descente.
On continua.